samedi 29 novembre 2008

La Coupure


Les yeux rivés sur la Lumière se détournant des flammes
qui l’entourent n’ayant pour seul espoir que ce qui dure et
non plus ce qui est.
Elle ouvrit la porte se retourna un instant sur les cendres
sombres de ce passé si rougeoyant qui avait vu ses joues
s’empourprer si naturellement. Ici elle avait tant aimé, ici
elle avait vécu, elle s’emmitoufla dans la nuit et disparut
d’un sourire résigné sous un réverbère au coin de la rue.
Ce qui se passe en haut des cuisses d’une femme se passe
dans la tête d’un homme. Après les "non pas ce soir" il
s’était retiré avec l’ombre de l’oubli, seule une larme
témoignait de son passage de sa maigre existence qui avait
causé tant de tracas qu’elle n’avait pu s’y abandonner,
dégingolant sur le trottoir noir de son oubli.
Tout autour grisés de leur existence tels des cafards
apeurés par la lumière de la conscience, les voisins,
indifférents, courent et gigotent dans leurs salons autour de
la grande soirée télévisée. Vissés sur leur siège, c’est déjà
tout un exploit de se lever. La bouche entrouverte, ils
gobent le vomi que des inconscients comme eux veulent
bien y ravaler. Trottinant dans le caniveau que forme la
rue sombre en bas, l’âme triste de ce personnage a retrouvé
la morne existence d’une personne in-aimée.
Les ors des stucs, les fers des piques sur leurs balcons
seuls observent, pétrifiés, cet épouvantable spectacle d’une
modernité abandonnée. Où est-il le beau futur tant désiré,
les cités dans les étoiles, les grands chevaliers Jedi ? Nous
sommes vendredi et nous nous en sommes détournés
croyant que modernité rime avec infidélité. La plante sans
racine meurt, et l’homme ? La rose de l’amour se souvient
qu’elle fut ronce et dans ce ciel gris s’arme d’épines contre
elle même. L’oubli ce doux compagnon qui nous fait
perdre notre bonheur en croyant le gagner. Insatiable chef
d’orchestre qui dans le silence compose les plus belles
mélodies son ombre disparaît jusque dans mon souvenir.
Les peut être nous tuent. Notre médiocrité qui passe entre
nos doigts ne peut que nous faire croire un instant en ses
funestes desseins. Pourtant le tic-tac infernal de ces
horloges robotisées qui dans le silence décomptent
sournoisement les heures n’en finissent pas de trotter dans
nos têtes. Finis les compas qui abhorrent les heures et
dessinent de leurs immenses jambes des courbes sur la
Terre. L’age raccourcit tout, la mémoire, la taille et les
idées. Pourtant au fond tout grogne comme au premier
jour, comme au premier rendez vous tout palpite de cette
attente exaspérée, de cette envie émoussée.

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